L’art du thé

Sadô, ou Chadô (prononcé tcha-dô), « la Voie du Thé », est aussi connu sous le terme de « Cha-no-yu », signifiant simplement « l’eau chaude pour le thé ». En français, on parle de « Cérémonie du Thé ».

 

C’est en fait l’étiquette traditionnelle pour préparer et boire du « macha » (le thé vert pulvérisé) avec des invités. C’est Sen-no-Rikyû (1522-1591) qui est considéré comme le fondateur du Sadô. Il a introduit en particulier, dans la cérémonie du thé de son époque qui était devenue un étalage de luxe, les concepts de simplicité, de raffinement et de rusticité. Il ramène la « cérémonie »à son essence :

 

« Qu’est-ce que le Thé? C’est faire chauffer de l’eau, y battre de la poudre de thé et le boire, saisir l’essentiel ! » (Sen-no-Rikyû).

 

Chaque occasion est considérée comme absolument unique, et en conséquence l’hôte, le Maître de Thé, prépare et accomplit chaque réunion de thé avec un soin intense. Dans sa totalité, l’étude du thé nécessite aussi celle de l’architecture et de son utilisation (la maison de thé – chashistu), du jardinage paysager, de la céramique, de la calligraphie, de l’arrangement floral, etc. L’harmonisation de tous ces éléments est indispensable au succès de la réunion de thé. La réunion de thé elle-même – la « cérémonie » – est constituée de l’ensemble des gestes nécessaires à la préparation du thé : chauffer l’eau, nettoyer le bol, y verser le thé en poudre, y ajouter l’eau chaude, battre le mélange au fouet, le présenter à l’invité, etc. Rien n’est laissé au hasard : chaque objet a sa place, chaque geste son importance, chaque son sa valeur esthétique. Le tout demande une très grande maîtrise et une expression naturelle.

Okakura Kakuzo, dans « Le Livre du Thé » (1906), exprime ainsi le sens profond du « Théisme » :

« La Philosophie du Thé n’est pas du simple esthétisme dans l’acceptation habituelle du terme, car elle exprime conjointement avec l’éthique et la religion notre perception totale de l’homme et de la nature. C’est une hygiène de vie, car elle impose la propreté ; c’est une forme d’économie, car elle exprime le confort dans la simplicité plutôt que dans le compliqué ou le coûteux ; c’est une géométrie morale, puisqu’elle définit notre sens des proportions au regard de l’univers. »

Le Thé comme la Calligraphie faisaient partie de la vie du Samouraï, jusque sur le champ de bataille. Il était courant d’écrire un poème juste avant un combat, et de le porter sur soi, afin qu’au cas où il se ferait tuer, le Samouraï porte sur lui un dernier message à ses pairs, sa famille, ou son seigneur. Ce message était même quelquefois écrit au plus fort de la bataille, quand le sacrifice de la vie était l’issue probable et acceptée d’une situation militaire défavorable.

Le Thé ne pouvait par contre pas vraiment être pratiqué au milieu de la bataille. Mais les Samouraïs aimaient se préparer en assistant, voire en exécutant, une réunion de thé préalable à une bataille. Ils y trouvaient une sérénité, une simplicité, qui équilibraient la tension et la violence des moments qui allaient suivre.