Une pratique constante, avec un esprit et un mental purs, est la seule manière de comprendre le kyudo. Rien ne peut la remplacer.
Comment donc peut-on purifier son esprit de manière à pouvoir réaliser Sanmi-Ittaï, Seisha-Hitchu et le Shaho ?
Murakami Hanshi disait : " Il est indispensable qu'au moyen de votre pratique quotidienne de la technique du kyudo, vous maîtrisiez aussi certains de ses aspects mentaux et spirituels tels que le calme mental, le développement du pouvoir spirituel, la concentration mentale et spirituelle, la force de conviction" (1). Suzuki Hiroyuki Hanshi dit : " Puisque le tir est franc comme un miroir, la moindre malhonnêteté ou le moindre problème seront révélés dans le résultat "(2) . Prises ensemble ces deux citations signifient, en simplifiant, que le résultat du tir montrera jusqu'à quel point vous avez compris votre art, et que le seul moyen de comprendre le kyudo c'est de le pratiquer. Yoshimi Junseï exprime ceci peut-être de la meilleure façon dans la préface du Shaho Kun : " En cherchant seulement en vous-même vous devez nettoyer votre esprit et corriger votre corps et, avec persévérance et unité d'intention, développer l'état d'esprit correct, vous entraîner à la technique correcte, et vous plonger dans votre pratique avec toute la sincérité dont vous êtes capable. C'est la seule manière ".
Que veut dire Yoshimi Junseï par nettoyer son esprit et développer l'état d'esprit correct ?
Je pense que nettoyer son esprit signifie qu'on ne doit rien avoir dans son esprit qui empêche de tirer en accord avec le Shaho. L'état d'esprit correct signifie pratiquer assidûment avec une motivation saine, dans un sens purifié de toute pensée de gain ou de perte, et s'efforcer de tirer sans autre but que de tirer. Malheureusement il est extrêmement rare de rencontrer cette qualité de cœur vraiment pur. C'est pourquoi un des buts du kyudo c'est de nourrir cet état d'esprit par la pratique du tir correct.
Les gens agissent pour des motifs variés. Sans s'en rendre compte la plupart des gens ont des arrière-pensées ou des motivations cachées, qui influencent leur kyudo. Certains veulent se faire aimer ou admirer pour leurs réussites ; certains souhaitent le pouvoir ou un poste important ; certains affectionnent la compétition et l'admiration qu'ils recevront en cas de victoire ; d'autres ont trop peur de perdre et éviteront tout ce qui à voir avec la compétition ; certains sont prétentieux et pensent que leur manière de faire est juste et que celles des autres sont fausses ; d'autres au contraire manquent totalement de confiance en eux-mêmes et ne prêtent attention qu'aux opinions des autres. Les traits de caractère les plus profonds des gens, même ceux dont ils ne sont pas eux-mêmes conscients, affectent tous ce qu'ils font, y compris leur tir. Une personne forte physiquement tirera avec confiance et puissance, mais avec un excès d'agressivité et de force brutale. Le tir d'une personne d'esprit faible sera hésitant et manquera de conviction. Une personne à l'esprit distrait tirera de manière désordonnée. Une personne négligente aura un tir bâclé. Le tir d'une personne tendue sera dur, et celui d'une personne colérique sera hargneux. Telle la personne, tel le tir.
De plus il faut comprendre le kyudo de façon équilibrée. Certains pensent que l'arc peut être ouvert seulement avec le corps. En conséquence ils se consacrent seulement à la technique et négligent de cultiver leur esprit. De telles personnes, si elles sont fortes, confiantes et athlétiques, peuvent devenir des archers très adroits, quelquefois très rapidement. Cependant leur adresse est limitée, et il est fréquent qu'elles abandonnent dès qu'elles rencontrent des obstacles en elles-mêmes dont le dépassement leur demanderait trop d'effort. Par opposition, d'autres personnes pensent que la technique est secondaire et que seul l'esprit compte vraiment, et que si elles se mettent dans ce qu'elles croient être l'état d'esprit correct, le tir se réalisera d'une certaine manière de lui-même.
Murakami Hanshi dit que " le kyudo comprend la technique et le kokoro (l'esprit). Le kyudo ne peut pas exister sans la technique, mais il ne peut pas exister avec la technique seule. La technique et l'esprit doivent être unis comme les brins tressés d'une même corde " . L'acte physique de tirer ne peut pas être dissocié du mental et de l'esprit et il n'y a aucune dichotomie entre le mental et le corps ou entre la technique et l'esprit. Ceci peut ne pas être très évident pour l'esprit occidental, mais c'est une des choses les plus fondamentales à comprendre dans la pratique du kyudo. Ce que ça signifie dans la pratique est que chacune de vos actions physiques est l'image comme dans un miroir de votre mental et de votre esprit. C'est pourquoi, dès que l'élève a acquis suffisamment de technique pour tirer avec un minimum d'aisance, le professeur commence à observer de plus près l'esprit avec lequel il tire. La qualité avec laquelle vous tirez possède la clé de la compréhension de votre esprit.
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